Le mâle parcourt les roselières tel un bandit masqué cherchant sa proie. La femelle le suit, plus discrète. Tous les deux virevoltent d’une tige à l’autre, sans jamais s’arrêter longtemps.
Autant dire qu’ils ne sont pas toujours faciles à photographier. Mon premier essai n’était qu’un point perdu dans le marais. Depuis lors, nous avons tous fait des progrès.
Tant au Tessin qu’à Genève.
Lac des Vernes/GE, novembre 2020
Bolle di Magadino/TI, mars 2021
Marais de Sionnet/GE, mars 2021
Peu à peu, il est parvenu à devenir un compagnon régulier de nos sorties ornithologues.
Son vol stationnaire dans le ciel, le battement des ailes, la queue écartée et enfin la plongée à la recherche d’une proie le rendent inimitable. Le mâle a la tête et le cou gris bleuté, la femelle, châtain clair, rayés de brun.
Comme le geai, il fait partie des ces oiseaux qui me fuyaient. Je me rappelle d’un jour, assis dans ma voiture, une cigarette à la main. Il est venu se percher sur un réverbère, à une dizaine de mètres, longtemps, me regardant narquois car mon appareil photo était dans le coffre…
Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un nid au-dessus de sa tête.
Puplinge/GE, mai 2019
Mais ce magnifique rapace s’est tellement répandu chez nous que la chose ne pouvait pas durer !
Il peut recommencer à songer à se nourrir. Son plat du jour est généralement composé de campagnols bien frais. Mais un gourmet sait varier son plaisir.
Satané geai ! Depuis des années, je lui cours après pour obtenir un bon portrait. Le plus souvent enfoui dans les feuillages, mais aussi en parade nuptiale ou perché quelques instants sur une branche en face de moi, j’ai pu l’admirer à moult reprises. Mais pas question de le photographier !
Cela ne pouvait pas durer.
La Perle du Lac/GE, décembre 2020
La voie est désormais tracée.
Laghetto di Gudo/TI, mai 2021
Satané geai ! Patrick lui a aussi couru après longtemps, sans résultat notoire. Mais il a fini par gagner.
Corps trapu, bec conique et couleur jaune en bordure des ailes le rendent facilement identifiable. Mais il semblait se faire rare depuis la création de notre site et nous avions de la peine à réussir un portrait satisfaisant.
L’antenne tessinoise nous a donné un coup de main.
Cevio/TI, juillet 2020
La voie était ouverte.
La Feuillée/GE, juin 2021
Celle-ci se prenait pour un chardonneret élégant.
Marais de Sionnet/GE, novembre 2021
Cette autre ne cessait de se pavaner.
Elle espérait sans doute attirer l’attention de ce joli garçon, perché la haut au sommet de l’arbre.
Encore un qui se prend pour un pic sans l’être. Ce passereau se sert de sa queue pour grimper en spirale le long d’un tronc afin d’y dénicher son repas. Arrivé en haut, il se laisse tomber pour mieux recommencer avec un autre arbre.
Il ressemble tellement au grimpereau des jardins que seuls son son habitat et la longueur de son ongle postérieur permettent de l’identifier.
Des critères qui ne laissent aucun doute sur celui-ci.
Ses déplacements incessants, ses vols saccadés entre les feuillages ne cessent d’attirer l’attention du photographe convaincu d’avoir déniché l’oiseau rare… Il a au moins le mérite de servir de proie au faucon pèlerin et à l’autour.
Mais il faut bien admettre qu’en parade nuptiale, il n’est pas si moche que cela !
Pointe à la Bise/GE, avril 2020
A vrai dire, il est même beau.
Marais de Sionnet/GE, avril 2022
Ils sont partout et tellement nombreux, qu’il fallait bien qu’un jour un jeune tombe dans l’escarcelle.
Début mars, mes jumelles fouillent le plan d’eau, s’attardent sur les roseaux. Foulques, poules d’eau, un grèbe huppé, deux bergeronnettes grises, quelques chipeaux. Rien de nouveau. Brusque retour en arrière, le grèbe a quelque chose sur le dos ! Ébahi, je dois me rendre à l’évidence, les jeunes sont déjà là !
Barrage de Verbois/GE, mars 2024
Que du monde ! Commençons par chasser les intrus. Pas question d’envahir mon territoire de pêche. Tous les poissons sont à moi !
Depuis lors, nous l’avons croisé souvent au fil de nos promenades dans la nature. , toujours aussi difficile à saisir. Celui-ci nous a paru assez réussi.
Chasseur impitoyable, l’épervier traque les passereaux jusqu’aux mangeoires installées dans les jardins. Volant bas, se dissimulant derrière les aspérités du terrain et les buissons, il tente de surprendre ses victimes. Il n’hésite pas à traquer sa proie dans les haies, mettant parfois pied à terre.
Giardino magico, Bellinzona, janvier 2020
Le dessus du mâle est gris ardoisé, celui de la femelle, plus grande, est brun. Tous les deux ont une poitrine finement striée, brun roussâtre pour lui, brun pour elle.
Après l’avoir tant cherché, le voilà enfin. Il vient vers moi et ma cachette. Déjà je savoure la photo du siècle, lorsque deux corbeaux freux l’attaquent et l’éloignent.
Inkwilersee/SO, août 2021
Malgré tous mes efforts, il reste fidèle au Tessin. Difficile d’affirmer le contraire.