LE TICHODROME ÉCHELETTE

Tichodroma muraria

Quel oiseau magnifique ! Aussi splendide que difficile à observer, sautillant sur les parois ombragées d’une gorge lointaine, souvent inaccessible.

Rares sont celles ou ceux qui ont pu admirer ses ailes noires teintées d’écarlate tranchant sur une silhouette gris fumé. Pourtant, notre antenne tessinoise a eu la chance et le mérite de l’admirer à deux reprises !

Si la première fois, il n’était qu’un point sur la falaise, au point que sa photo a disparu du site, la deuxième était la bonne.

Gole del Piottino/TI, mai 2023

Désormais, il n’est plus une exclusivité tessinoise.

LE CHEVALIER CULBLANC

Tringa ochropus

Des heures passées dans l’observatoire de la Bolla Rossa, pour essayer de le dénicher parmi les chevaliers sylvains, auxquels il ressemble presque comme une goutte d’eau. En vain. D’autres tentatives ici et là. Sans résultat.

Le voilà enfin, isolé sur la grève, presque caché par les silhouettes de quelques bécassines des marais. Évidemment, très loin, en plein contre-jour. Inutile de tenter une photo…

Comme souvent, Paola a ouvert la voie.

Bolla Rossa/TI, avril 2022

Et puis, la patience est toujours récompensée !

Réserve d’Auried/FR, juillet 2022

LE GOÉLAND PONTIQUE

Larus cachinnans

Cherchez bien la différence, car le goéland pontique ressemble comme un frère à son cousin le leucophée !

Les spécialistes vous diront que le pontique a l’iris sombre, alors que celui de l’autre est jaune, mais avez-vous déjà fait attention à la taille de l’iris d’un goéland ? Le bec et les pattes du pontique sont aussi moins jaunes que celles du leucophée, parfois…

Enfin, celui au fond de l’image est certifié comme étant la perle rare, le goéland pontique. Faisons confiance aux experts.

Rapperswil/SG, février 2022

Et puis, jouons aussi aux experts. En voilà un autre, en espérant que nous ne nous soyons pas trompés…

Rapperswil/SG, mars 2022

Depuis lors, la bague a parlé ! C’est bien un pontique.

LE GOÉLAND MARIN

Larus marinus

Le géant de la famille est rare, non seulement en Suisse, mais aussi à l’intérieur du continent. Il préfère les côtes de la mer du Nord, où, dans les grandes espaces, il peut sans doute mieux faire valoir ses capacités de grand prédateur.

Raison de plus pour ne pas rater l’occasion.

La voie étant tracée, c’est presque trop facile. Même endroit, même oiseau, d’autres observateurs…

Rapperswil/SG, février et mars 2022

ILS VOLENT

Ils ont des ailes, ils les utilisent. L’aigle plane là-haut dans le ciel, le faucon pique sur sa proie, le martin-pêcheur plonge sur son poisson, la bécassine fuse de sa cachette… Je pourrais continuer à l’infini. Chaque oiseau a sa façon de s’exprimer.

Je ne connais aucun photographe animalier qui n’ait pas essayé de capturer le vol de l’un ou l’autre. Un art difficile qui réussit uniquement aux meilleures parmi nous.

Mais les choses changent. L’avènement des appareils hybrides avec leur autofocus époustouflant a passablement modifié la donne. Plus besoin d’être des surdoués, un peu de patience et de persévérance suffisent pour réussir un cliché.

Alors l’idée me vient. Pourquoi pas un blog sur les oiseaux en vol ? Sans contrainte de temps et de lieu, sans référence aux chapitres de l’un ou l’autre oiseau présent sur le site, juste pour le plaisir des yeux.

Michel Denis-Huot, célèbre photographe animalier français, auquel je demandais un jour comment il réussissait à capturer le mouvement d’un animal, m’a conseillé, un brin goguenard, de m’entraîner avec les mouettes. J’ai donc suivi son conseil.

Le vol lent bien que majestueux du héron cendré est aussi un bon sujet de débutant, d’autant plus qu’il est désormais un habitué de nos marais et de nos prés.

C’est une autre paire de manche avec le pouillot véloce. Comme son nom l’indique, il est rapide et il ne cesse de papillonner dans la végétation. Et, avouez-le, il n’est pas immense…

Nous avons l’habitude de voir les foulques courir sur l’eau, pattes et ailes moulinant ensemble, à la poursuite de l’imprudent qui a pénétré dans leur territoire. Il est très rare de les apercevoir en vol. Et pourtant, elles savent le faire.

L’étang bouge, ce matin. Décollages, vols désordonnés, atterrissages… On dirait que les canards font leur gymnastique matinale.

Les souchets sont déchaînés, mais les sarcelles d’hiver ne sont pas en reste.

Le domaine des airs est leur royaume. Ils planent, là-haut dans le ciel, grâce aux thermiques qui n’ont pas de secrets pour eux, les rapaces. Mais de temps en temps, ils daignent presque redescendre sur terre.

Tous les pilotes vous le diront : voler c’est facile, atterrir l’est moins. Il faut admettre que lui, il est à l’aise dans cet exercice.

LE BOUVREUIL PIVOINE

Pyrrhula pyrrhula

Ils ne sont pas rares dans nos contrées, loin de là. Quelques dizaines de milliers de couples nichent chez nous. Mais leur discrétion fait qu’ils ne sont pas faciles à observer…

Jusqu’à ce jour, j’en avais vu un seul, il y a bien longtemps. Aujourd’hui, grâce à un tuyau d’un copain, je me suis largement rattrapé. Caché dans ma voiture, je suis resté longtemps avec deux mâles aux couleurs éclatantes et une femelle plus discrète mais d’une folle élégance.

Teppes de Verbois/GE, janvier 2022

Quelque temps plus tard, le tuyauteur s’est transformé en photographe. Il est excellent dans les deux domaines.

L’HERMINE

Mustela erminea

Ma première ce fut une silhouette inattendue venant à ma rencontre qu’un chien fit fuir avant que je puisse me reprendre de ma surprise. Ma deuxième ressembla à une tache brune et blanche disparaissant tel un fantôme dans les herbes où je l’aperçus pendant quelques secondes. Ma troisième ce fut la bonne.

Perly-Certoux/GE, janvier 2021

Enfin, ma quatrième joua à cache-cache avec mes nerfs pendant une bonne vingtaine de minutes, apparaissant et disparaissant sans cesse dans les plis d’un champ où elle chassait des proies invisibles.

Wengimoos/BE, janvier 2023

LA PIE GRIÈCHE GRISE

Lanius excubitor

Elle ne niche plus chez nous où ses proies ont drastiquement diminué. Elle est toutefois observable dans les zones frontière de notre pays car à l’étranger elle trouve des meilleures conditions pour nourrir ses petits…

Rien d’étonnant donc qu’elle ait montré son bec crochu pour notre première fois au Tessin et qu’elle ait ensuite fait son apparition à Genève. Pas pour longtemps, hélas. Juste quelques secondes pour l’admirer et lui voler une image.

Deux jours plus tard, elle était toujours là. Cette fois-ci, elle a pris la pose.

Perly-Certoux/GE, janvier 2022

Une dernière image, avant qu’elle nous quitte. Son envol serait-il une sorte d’entrainement ?

Perly-Certoux/GE, février 2022

LE KLINGNAUER STAUSEE

Reconnu comme zone d’hivernage d’importance internationale pour les oiseaux d’eau, le réservoir de Klingnau est un but incontournable pour tous les amateurs d’observation de la faune.

Il était donc temps de le découvrir.

Ce dimanche 2 janvier 2022 est le dernier jour de fermeture du centre nature de Birdlife. Dommage, mais pas essentiel. Les oiseaux ne connaissent pas de jour de repos. Tout au plus, ils peuvent encore dormir lors de notre arrivée…

Mais pas pour longtemps. Des centaines de sarcelles d’hiver accompagnent nos premiers pas sur la rive gauche du lac. À peine un peu moins nombreux, les chipeaux font bande à part. D’autres, comme la poule d’eau et même la foulque macroule, se font plus discrets.

Le marais avec ses roseaux impénétrables qui résonnent de chants d’oiseaux souvent invisibles sont désormais derrière nous. L’Aar se dévoile, le paysage prend de l’ampleur. Mais il reste toujours un coin caché où découvrir l’aigrette qui chasse et le cormoran qui pêche.

Aujourd’hui, c’est l’heure du pilet et du courlis cendré, demain peut-être celle du cygne chanteur. Une chose est certaine. Ici, le spectacle est permanent !

LE FLACHSEE

Le château de Lenzburg vous sert de repère. Quittez l’autoroute avant que celle-ci vous conduise à Zurich. Direction Wohlen, puis Unterlunkhofen. Traversez le village, trouvez le pont qui enjambe la rivière. Un parking vous attend, l’aventure commence.

En amont, une usine hydroélectrique calme, tout au moins provisoirement, la fougue de la Reuss. La rivière s’apaise, prend de l’ampleur, s’insinue entre marais, îlots et bancs de sable.

Quelques pas sur le chemin, entre forêt et eau, sur la rive gauche du lac et les morillons vous observent.

Ils ne sont que les signes avant-coureurs d’un spectacle se renouvelant sans cesse, car ici une multitude d’oiseaux trouvent nourriture et repaire, les uns dans les roseaux, les autres sur le perchoir d’une branche ou la berge d’une île.

Cigognes, hérons, grandes aigrettes, goélands et mouettes, des centaines de canards. Même le grand corbeau se fait entendre dans le bois.

En ce jour de fin décembre, les badauds sont nombreux. Qu’importe. La magie de l’endroit vous les fait vite oublier…

Quelques kilomètres plus loin, un pont en bois traverse la rivière. Un dernier coup d’œil à des dizaines de milouins qui s’envolent. Une forêt clairsemée annonce la fin des paysages sauvages. Nous y cherchons, en vain, le grimpereau des jardins, nous apercevrons l’espace d’un instant le martin-pêcheur.

Le chemin de retour s’écarte du lac, traverse des champs cultivés. Une buse variable s’envole, se perche sur un piquet pour mieux nous observer. Nous entrons dans le royaume du milan royal qui plane là-haut, au sommet des arbres. Il suffit de l’attendre, car bientôt il nous rejoindra, surveillant de près son garde-manger.

Plus loin, un observatoire se profile. Malheureusement, il est en plein contre-jour, il aurait fallu y arriver ce matin. La fin du spectacle s’annonce.