HISTOIRES D’EAU

Entre le Rhône et l’Allondon, maître Soleil, un metteur en scène d’exception, a mis en place son spectacle d’ombres et lumière.

Silence, on tourne.

Les acteurs sont souvent les mêmes, mais tous savent jouer plusieurs rôles. La foulque irascible qui défend son territoire, est aussi une maman calme et attentive qui nourrit son rejeton. La buse variable qui vient de prélever sa pitance, semble somnoler, faussement indifférente, sur sa branche préférée. Le grèbe huppé nourrit ses canetons voraces, mais attrape un poisson et fuit dans les roseaux pour le déguster tranquillement…

Ne manque pas la star incognito qui se montre un court instant pour mieux disparaître et se faire désirer.

Tadorne de Belon ou mélange de gênes ? Si quelqu’un a la réponse, il est bienvenu au spectacle.

LES RÉSERVES DE CUDREFIN ET DE FANEL

S’étendant sur une quarantaine de kilomètres sur les rives sud-est du lac de Neuchâtel, la Grande Cariçaie est une réserve marécageuse qui, à son bout oriental, comprend les réserves de Cudrefin et de Fanel, séparées seulement par le canal de la Broye.

Pour les photographes animaliers, les sentiers de Cudrefin sont un véritable paradis au gré des chemins empruntés, des coups de chance et de la période de l’année où vous la visitez.

En ce début de mai, le ballet des sternes pierregarin était passionnant, le bruant des roseaux jouait à cache-cache, les goélands leucophées nichaient à vos pieds.

Fanel c’est autre chose. Le plaisir des yeux, sûrement. Les paysages depuis le grand observatoire sont sublimes. Il y a même foule d’oiseaux pour une très bonne jumelle ou mieux encore pour une longue vue.

Hérons, garzettes, goélands, même un courlis…

Mais pour le photographe ce n’est que frustration. La réserve est désormais fermée et il est impossible d’approcher quoi que ce soit. Il ne reste qu’à tenter quelques clichés sur l’énorme colonie de grands cormorans, bien lointaine elle aussi.

LE CINCLE PLONGEUR

Cinclus cinclus

Je suis capable de traverser des rapides, de lutter contre tous les courants. Mais de temps en temps, je prends une pause pour nourrir mes chers petits…

Giardino magico, Bellinzona, mai 2020

Je n’ai pas si mal travaillé, n’est-ce-pas ?

Giardino magico, Bellinzona, mai 2020

J’aime bien le Tessin, mais il m’arrive de voyager.

Val Roseg/GR, septembre 2020

Mais les premiers amours ne s’oublient jamais. D’autant plus que la cuisine tessinoise est très goûteuse !

Et puis, connaissez-vous un meilleur endroit pour se pavaner ?

Tenero/TI, octobre 2021

Il me semble que vous m’avez un peu oublié ! Alors, me voici. Qu’attendez-vous pour me photographier ?

Gorges de l’Areuse/JU, août 2024

LE DÉBAT

Fin mars, je me promène au bord du Rhône. Christine attire mon attention sur un oiseau, sur son arbre perché. Par miracle, je parviens à le cadrer, en contre-jour.

Des heures de recherches et de discussion. Christine et moi-même finissons par convenir qu’il s’agit sûrement d’une fauvette des jardins. Mais un léger doute nous taraude l’esprit.

Restons modestes, cherchons de l’aide. Paola, au Tessin. Rapide comme l’éclair, celle-ci nous envoie une photo.

Celui-ci est certainement un pouillot fitis. Mais est-ce le même oiseau ? Certes, il lui ressemble…

Le débat est ouvert.

LES BORDS DE L’AIRE

Il y a quelques années, lorsque j’ai découvert cet endroit, il était bien plus sauvage. Dans les bois et les broussailles, le pic épeiche régnait en maître.

Aujourd’hui, l’homme est passé par là. Une table de piquenique par ici, une route carrossable par là… Vous partagez les lieux avec les coureurs à pied, les promeneurs de chiens et les cyclistes.

Toutefois, la nature est toujours là. Il reste quelques bosquets aux chemins à peine dessinés où, faute de pouvoir réaliser des photographies intéressantes à cause de la végétation serrée, vous pouvez observer le pic épeiche ou le vol d’un martin-pêcheur.

Et puis, il y a la rivière, le ruisseau devrais-je écrire. Avant-hier, un héron cendré y a longuement traqué sa proie, indifférent aux gens qui passaient à quelques mètres de lui, et, le jour précédent un milan noir est venu s’abreuver.

Merles, fauvettes à tête noire, mésanges charbonnières, même des geais fréquentent les lieux, sans parler des foulques et des poules d’eau qui batifolent dans la partie endiguée de l’Aire.

Un bien bel endroit à proximité de la ville.

Quelques heures aux Teppes de Verbois

Suivons le Rhône… En aval du barrage de Verbois, il s’écoule encore quelques kilomètres dans la campagne genevoise, avant de s’enfuir en France voisine.

Plusieurs chemins sillonnent les bois de la rive droite. Ils vous amènent tantôt au bord du fleuve, tantôt sur les rives d’étangs. Quatre observatoires très bien pensés et aménagés vous attendent.

Aux premières heures du matin ou avant le coucher du soleil, les lumières sont divines et la réserve est, en général, presque déserte.

Ce n’était pas le cas hier soir, mais foulques, grèbes castagneux et huppés, nettes rousses étaient au rendez-vous. Les milans inspectaient les cieux. L’un d’eux s’est même brièvement arrêté sur un arbre dégagé, mais il a filé dès que nous avons pointé notre objectif sur lui. Une flèche azur est passée à toute vitesse : le martin-pêcheur que nous apercevions pour la première fois ici.

Il est déjà trop tard dans la saison pour les petits oiseaux. Leurs chants prouvent leur présence, mais les feuillages les dissimulent. A cette époque de l’année, nous parvenons à identifier fauvettes à tête noire, pinsons des arbres, mésanges charbonnières, merles et étourneaux. Un pic épeiche se fait entendre au loin…

En voici toutefois un qui nous ne parvenons pas à identifier avec certitude. La femelle du rougequeue à front blanc ? Le rossignol philomèle ?