DANSE AVEC LES PINSONS

Certes, il est connu que, pendant leur migration, les Pinsons du Nord se réunissent, très nombreux, pour passer la nuit dans un coin douillet.

Le savoir c’est une chose, avoir la possibilité de les observer c’en est une autre. Cela tombe bien. L’un de nos sites ornithologiques préférés vient de signaler qu’une colonie estimée entre un million et quatre millions d’individus, vient de s’installer près de Langenthal.

Pouvions-nous rater le spectacle ? La réponse est évidente.

Une fin d’après-midi d’hiver, aux alentours de 1500 heures. Le ciel est gris, il pleuvine. Caroline, la régionale de l’étape, est notre guide. Il faut arriver sur place à l’avance, pour éviter la foule, paraît-il. Quelques kilomètres sur une route forestière où la lumière se fait rare. Un parking improvisé à une centaine de mètres d’une clairière. Nous y sommes et nous ne sommes pas les premiers.

Deux Éperviers planent dans le ciel. Comme nous, mais pour d’autres raisons, ils attendent l’arrivée des Pinsons, planifiée pour 1600 heures.

Voilà les premiers, quelques dizaines. Puis le ciel bouge. Des vagues incessantes d’oiseaux arrivent de tout part, se dispersent pour mieux se reformer un instant plus tard. Des centaines, des milliers, de très nombreux. Cessons de compter et admirons ce spectacle incroyable.

J’ai beau savoir que la lumière est exécrable, que le brouillard nous enrobe, que mes photos seront mauvaises. Mon objectif danse la gigue, mes doigts courent sur les réglages de l’appareil, je peste contre un autofocus erratique . Impossible de résister à l’envie de capturer une image de ces moments enchanteurs.

Le ciel s’obscurcit. Un bref instant, le temps que les Pinsons dessinent une nouvelle arabesque. Mais une nouvelle ondée est déjà là et le scénario se recompose. C’est un spectacle en noir et blanc, mais dans mes yeux dansent les couleurs.

La nuit s’approche. La forêt s’immobilise. Mais partout résonne le chant du Pinson du nord.

LA MACREUSE À FRONT BLANC

La rade de Genève est à l’honneur, ces jours-ci. Un canard qui n’avait jamais été vu en Suisse, un mâle de macreuse à front blanc, au splendide bec multicolore, parade dans ses eaux. Encore un visiteur venu d’Amérique.

Des dizaines d’ornithologues font la queue le long des quais. Becetailes se devait d’être là.

Parfois, il jouait avec les vagues…

… ou alors, il faisait le beau.

LE CHEVALIER GRIVELÉ

Je ressemble très fortement au Chevalier guignette, mais si vous regardez bien, je n’en suis pas un.

Contrairement à mon cousin, je ne fréquente pas beaucoup les rivages suisses, je préfère les paysages nord-américains. Alors, profitez-en. Je ne crois pas que vous me reverrez souvent…

LA BARGE ROUSSE

Limosa lapponica

Championne du monde de vol sans escale, elle a décidé de se reposer chez nous. Plutôt rare, il fallait donc être là au bon moment pour la voir. Il fallait aussi la reconnaître car, en plumage d’hiver, elle ressemble fortement à sa cousine, la Barge à queue noire. Mais le sourcil marqué et allongé et la queue barrée ne laissent pas de doute. C’est bien elle !

Wollishofen/ZH, septembre 2023

LE ROLLIER D’EUROPE

Coracias garrulus

Si jadis il traversait régulièrement notre pays, il est désormais plutôt rare de nos jours. Mais ce grand migrateur apprécie les étés chauds et secs. Cette année, il a été bien servi. Le voilà donc chez nous.

Russin/GE, septembre 2023

LE CORMORAN PYGMÉE

Microcarbo pygmaeus

Déjà que, pour des cormorans, ils ne sont pas très grands. Si, en plus, il se tiennent à 250 mètres du barrage, confortablement installés sur leur perchoir, ils sont difficiles à photographier et même à observer.

Heureusement, la persévérance paie presque toujours. Un beau matin, l’un d’eux a fini par s’approcher. De noir qu’il paraissait de loin, les nuances chocolat de son plumage sont enfin discernables.

Barrage de Verbois/GE, août 2023

La voie était ouverte ! Quelques jours ont passé. Le revoilà pointer son bec ailleurs.

Creux-de-Terre/VD, septembre 2023

Nous l’avions un peu oublié. Puis un jour, il s’est rappelé à nous, en se pavanant quelques minutes sur une branche morte bien plus proche que d’habitude.

Ils sont devenus des habitués des eaux du Rhône, au barrage de Verbois. A chaque visite matinale, ils étaient là. Mais cette fois-ci, ils étaient tellement beaux qu’il m’était impossible de ne pas déclencher.

Sept mois se sont écoulés depuis notre première rencontre. Mon cormoran n’est plus le même. Le plumage nuptial, d’un noir étincelant délicatement piqueté de blanc, lui donne l’air d’un autre oiseau.

L’OIE CYGNOÏDE

Anser cygnoides

Le barrage de Verbois à Genève est une valeur sure pour l’observation de nos amis. Selon la période de l’année, il est plus ou moins fréquenté, mais il y a toujours un ou deux oiseaux qui trainent par là.

De plus, il semble attirer tout ce qui s’égare à Genève. Il y a eu le Cygne noir, la Sterne Hansel, l’Oie à tête barrée et d’autres que j’oublie. Deux ou trois jours et ils s’en vont…

Maintenant, c’etait son tour.

LA BONDREÉ APIVORE

Pernis apivorus

Grande migratrice à la recherche de sa nourriture presque exclusive, elle ne reste pas très longtemps chez nous, de la mi-mai à la mi-août.

Si vous ajoutez qu’elle ressemble très fortement à la buse variable qui abonde dans nos contrées, il est aisé de comprendre pourquoi il n’est pas facile de l’observer et encore moins de la photographier, là-haut dans le ciel.

Pourtant, la voici. D’accord, les photographies pourraient être meilleures. Mais elles ont le mérite d’exister. Un défi à faire mieux pour tous les amis du site.

Carasso/TI, juillet 2023

UN PERCHOIR PAS COMME LES AUTRES

Année après année, dès le mois de mai, les guêpiers arrivent dans la campagne genevoise.

Branle-bas de combat pour les ornithologues et les photographes du coin ! Impossible de résister à la beauté de ces oiseaux dont les reflets multicolores changeant au gré des rayons de lumière illuminent le ciel et les arbres où ils se posent.

Leurs sites de nidification rigoureusement protégés, ils demeurent très souvent assez loin de l’objectif. Difficile de réussir la photo du siècle.

L’un de nous a eu l’idée de génie : installer un perchoir dans leur terrain de chasse ! Pas grand-chose, juste quelques branches dénudées qui s’élancent dans le ciel.

Aux alentours, des herbes hautes, quelques buissons et des ronces, juste de quoi estomper la silhouette de l’observateur. Les guêpiers ne craignent guère la présence de l’homme, à condition d’éviter des gestes brusques.

La priorité lui revient de droit.

À nous de prendre la relève. Avec patience, car d’autres perchoirs abondent dans le coin. Une, deux, trois fois, plusieurs heures d’attente. La récompense est enfin là !

Quatre, cinq, six fois… Nous avons perdu le compte. Chasseurs impitoyables, les guêpiers virevoltent au-dessus de nos têtes, à la poursuite de leurs proies. Enfin, en voilà un venu déguster son dîner !

Le temps passe vite, pas question de s’ennuyer. D’autres amis viennent tâter le confort du perchoir magique.

Nous avons eu raison d’attendre. Une dernière visite : changement de menu au programme.

L’HARLE COURONNÉ

Lophodytes cucullatus

Erreur de migration ou escapade ? Comme aujourd’hui, il existe de plus en plus d’oiseaux en captivité, la deuxième hypothèse me semble la plus probable, d’autant pus que ce canard d’Amérique du Nord migre sur des courtes distances pour échapper aux eaux de son lac qui gèlent.

Martigny/VS, juin 2023