LE ROSELIN CRAMOISI

En voici un autre plutôt rare dans nos contrées, bien que les spécialistes signalent son expansion d’Asie en Europe depuis une vingtaine d’années.

Qu’il s’agisse d’un mâle en tenue nuptiale ne fait aucun doute. Sa tête et sa poitrine rouge-carmin en témoignent. Quelques semaines et il sera déjà reparti.

RETOUR SUR NOS PAS

Fin mai, nous disposons de quelques jours libres de toute obligation. Pourquoi ne pas les passer dans le coeur des réserves faunistiques autour d’Yverdon ?

En voiture. Direction la réserve naturelle de Champ-Pittet, à Cheseaux-Noréaz, gérée par Pro Natura. Nous la connaissons bien. Elle déçoit rarement.

Dans la forêt, les chants des oiseaux foisonnent, mais nous avons beau chercher, ils restent cachés dans les frondaisons. Un rouge gorge nous fait l’honneur de se montrer quelques instants, un pinson des arbres est moins timide. Les passerelles dans le marais sont aussi désertes.

Il ne nous reste qu’à espérer une meilleure chance dans les deux observatoires en bordure d’étang, surtout dans le deuxième construit au raz de l’eau.

Le lac de Neuchâtel est très haut. L’eau a avalé les quelques grèves et les roseaux plongent dans la lagune. Les rousserolles, effarvattes et turdoïdes, apparaissent un instant, avant de trouver refuge dans les profondeurs des joncs. Souvent, très souvent, mais pas toujours.

Un cygne vient nous rendre visite, histoire de nous aider à patienter. Un grèbe huppé aussi.

Le blongios nain fait son apparition. Une fusée se cachant immédiatement dans les roseaux pour mieux en repartir quand nous l’avons oublié. Ce n’est que le début d’une histoire à rebondissement, mais nous ne le savons pas encore.

Il est temps de gagner notre camp de base au Mont-Vully. Notre prochain objectif, le port de Gletterens n’est qu’à une quinzaine de kilomètres.

Situé dans l’une des réserves naturelles de la Grande Cariçaie, sur la rive sud du lac de Neuchâtel, il nous accueille avec une averse qui cessera dès que nous aurons sorti nos tenues de pluie…

Le port, où parfois traîne le martin-pêcheur est presque désert. Un couple de foulques macroules y élève ses trois enfants. Notre progression fait fuir un faucon que je parviens à cadrer un très court instant, en plein contre jour. Notre premier faucon hobereau ! Mais, soyons honnêtes. Nous l’identifions uniquement en regardant les quelques clichés que nous sommes parvenus à réaliser.

Un blongios nain joue avec nos nerfs. Le temps de l’apercevoir en vol et il s’est déjà caché dans les roseaux. Une, deux, trois fois.

Les heures passent sans que nous nous en apercevions. Auried, notre réserve préférée n’est pas à deux pas. Il est déjà presque 1400 heures lorsque nous grignotons nos sandwiches dans le petit parking à l’entrée.

La période n’est pas la plus favorable. La végétation luxuriante et les hautes herbes offrent un repaire idéal au monde ailé. Mais il nous reste la tour d’observation qui domine prairies humides et lagunes.

Quelques amis viennent nous tenir compagnie et occupent notre longue attente.

Attente de quoi, me demandez-vous. Mais du faucon hobereau, pardieu ! Cette fois-ci, Christine le voit arriver de loin. Il fait le tour de l’observatoire et, malgré la rapidité de son vol, nous parvenons à le cadrer trois ou quatre fois. Un petit nouveau qui a droit à un chapitre à part.

C’est tellement inattendu que nous décidons de revenir le lendemain matin. Mais les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Il ne reviendra pas.

Qu’importe. Il y a toujours quelque chose à voir à Auried. Un couple d’hérons cendrés nourrit ses trois rejetons, déjà avancés dans l’âge, sur une petite île au milieu de la lagune. Et les blongios continuent à gagner leur bataille avec nos téléobjectifs. Une couple cette fois-ci. Il se montre et il disparaît. Nous en avons désormais l’habitude.

Un chevreuil court dans les champs. Il apparaît et disparaît dans les coquelicots. Une rare barge à queue noire se cache dans les herbes, presque invisible. Un couple de vanneaux huppés chasse le milan royal qui voltige au-dessus de leur tête.

Cap sur Cudrefin. La jetée qui longe le canal de la Broie est un peu décevante, cette fois-ci. Des colverts, deux ou trois cygnes, les cormorans, mais c’est plutôt vide. Un arbre est tombé sur le chemin. Il nous oblige à un détour dans la forêt. L’occasion d’admirer un superbe pic noir qui s’envole lorsque nous levons nos téléobjectifs.

Le centre Birdlife de la Sauge est un peu plus vivant. Ce n’est pas la période idéale pour observer le martin-pêcheur. Il nous fait juste l’honneur de survoler le petit étang. Il ne reviendra pas, malgré l’attente. Une bergeronnette grise prend sa place sur les perchoirs et une jeune héron cendré tente sa chance avec les poissons. Une grenouille coasse avec force. Réclame-t-elle une photo ?

L’île du grand étang est submergée. Seul le nid d’une foulque persiste à son sommet. Deux aigrettes garzette au loin, une couple d’oies cendrées avec leur trois fistons.

Il est temps de quitter les lieux et de terminer notre petit voyage là où nous l’avons commencé.

Depuis l’observatoire de Champ-Pittet nous admirons un blongios nain qui nous fait son cinéma habituel. Il s’envole encore une fois. Mais cette fois-ci, il se pose dans le roseaux, à une quinzaine de mètres de nous.

La photographie animalière est une question de chance. A condition de savoir l’attendre…

LE FAUCON HOBEREAU

Il s’est fait attendre ! Nous le cherchions depuis belle lurette et j’ai oublié le nombre de fois où j’ai scruté le ciel à sa recherche.

Voilà que ce matin, il a fait son apparition. Quelques secondes, en contre jour, avant de disparaître. Juste le temps de lever le téléobjectif et de déclencher.

Ce n’était que partie remise. En fin d’après midi du même jour, à l’observatoire de la réserve d’Auried, nous l’avons vu venir de loin, ses ailes en faux tellement typiques. Il a cerclé autour de nous, faisant le tour des étangs, tellement vite que je ne parvenais pas à le cadrer. Heureusement, la chance était avec nous.

UNE JOURNÉE PAS COMME LES AUTRES

Le marais de Sionnet est sans aucun doute l’endroit que je fréquente davantage à Genève dans ma quête d’observation ornithologique. Parfois, il est désespérément vide, les oiseaux ayant décidé ayant décidé de le bouder et les canards se cachant dans les roseaux.

Aujourd’hui, il semble être l’un de ces jours. Même les Foulques se font rares… Mes jumelles ont beau chercher, rien ne bouge.

Je m’apprête à rebrousser chemin, à retourner à la voiture, quand il apparaît là-haut, sur le vieil arbre cassé.

Mon appareil est soulagé. Il a pu prendre un cliché. Il n’imagine même pas ce qui l’attend.

Un râle d’eau sort de sa cachette. Cet oiseau, timide et furtif, se cachant toujours dans les roseaux, a décidé de jouer à la vedette. Il cherche sa pitance en eaux libres, à une dizaine de mètres de moi, planté sur le chemin, sans aucun déguisement possible. Spectacle rare et fascinant.

Pas de repos pour le guerrier. Un Milan noir se balade au-dessus de ma tête. Banal, me dites-vous ? Peut-être, mais il n’est pas seul. Pour une fois, d’houspillé il devient houspilleur. Un couple de Faucons crécerelles l’agace, il le pourchasse et le met en fuite.

Du purgatoire au paradis, un bon mot de fin pour cette journée.

LA PIE-GRIÈCHE A TÊTE ROUSSE

Autrefois commune chez nous, elle a quitté nos contrées il y a belle lurette, victime de la disparition de son habitat. Ses effectifs diminuent aussi chez nos voisins et elle s’est désormais réfugiée dans le bassin sud de la Méditerranée.

Les choses changent rapidement en ornithologie. La voilà refaire surface à Genève. Le hasard ou un bon présage ?

L’ALOUETTE CALANDRELLE

La plus petite des alouettes européennes ne se montrait guère chez nous. Mais dernièrement, elle semble avoir découvert nos près dans sa migration du printemps.

Elle reste néanmoins difficile à rencontrer. Il fallait être là au bon moment.

La calotte fortement rayée et ses lunettes pales la rendent facile à identifier.

LE BRUANT DES NEIGES

Rare hivernant chez nous, oiseau de l’extrême nord, il recherche les lieux qui lui rappellent sa toundra natale, milieux rocailleux, dénudés ou à végétation rase.

Le voici où on ne l’attendait pas. Dans quelques mois, il deviendra tout blanc, mais il ne sera plus chez nous.

LE GOÉLAND CENDRÉ DE RUSSIE

Pour ressembler à un goéland cendré de chez nous, il lui ressemble, il n’y a aucun doute.

Un bec plus coloré, un plus grande étendue de noir à l’extrémité de ses ailes, un manteau plu sombre feraient la différence dans cette sous-espèce.

Quoi qu’il en soit les experts l’ont identifié. C’est sa première apparition en Suisse et l’un de nous l’a vu et photographié. C’est bien assez pour lui faire une petite place sur notre site.

LE GRÈBE ESCLAVON

Aucun doute sur son identification en période nuptiale. Ses couleurs hivernales le font, par contre, ressembler à son cousin, le grèbe à cou noir, plus fréquent dans nos eaux.

Pour une fois, notre ami s’est considérablement rapproché du rivage. La pointe blanche de son bec et la nette démarcation entre sa calotte noire et ses joues blanches ne laissent guère de doute. C’est bel et bien lui !

LE DENDROCYGNE A VENTRE NOIR

Ils sont nombreux dans ce monde, leur population étant estimée à plus d’un million d’individus.

Mais pas en Suisse. Qu’importe ? Nous passions par là au bon moment.