Je suis juste de passage… l’hiver est bien trop froid chez vous, pour rester dans les parages. Profitez-en pour m’admirer.
Niva, Vallemaggia/TI, septembre 2020
Vous ne le savez peut-être pas, mais je suis coquette… J’aime changer de coiffure selon l’endroit où je niche d’habitude. En Scandinavie, j’ai perdu mon sourcil blanc. On m’appelle motacilla flava thunbergi et je suis venue vous rendre visite.
Sa huppe, fièrement dressée et ébouriffée, la rend impossible à confondre avec ses congénères qu’elle fréquente surtout à l’automne.
Plus timide que la mésange alpestre et la mésange noire, elle se montre moins facilement, bien qu’elle soit présente en abondance dans nos forêts de conifères. Mais, quand elle le fait, quel plaisir pour nos yeux !
Val Roseg/GR, septembre 2020
Il nous a fallu du temps pour la rencontrer à nouveau. Fidèle à ses habitudes, elle a tenté de se dérober. En vain.
Je suis une mésange boréale, mais je m’appelle mésange alpestre dans l’arc subalpin que je fréquente. Et, comme si cela ne suffisait pas, je suis le sosie parfait de la mésange nonnette…
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Le coin n’a guère changé depuis que je l’ai découvert, il y bientôt quarante ans. Peut-être il y a un peu plus de monde, mais le matin tôt ou la fin de journée venue vous êtes seul. Vous découvrirez alors le chamois qui remonte les pentes ou le chevreuil qui vient vous dire bonjour.
Plusieurs sentiers sillonnent la forêt pour enfin se rejoindre et vous conduire, en montant doucement le long d’un torrent impétueux vers le fond de la vallée, aux pieds des glaciers.
La beauté des paysages peut vous faire oublier un court instant que le val Roseg est le paradis des mésanges, noires, huppées ou alpestres qu’elle puissent être.
Vous entendez leur chant dans les frondaisons, vous les cherchez en vain et puis, soudainement, elles plongent sur vous à la recherche d’une graine qu’elles ont pris l’habitude de se faire offrir…
Parfois une sittelle torchepot ou un pinson des arbres vient les concurrencer, mais elles restent les reines indiscutables de la forêt.
Plus haut, vers les sommets des arolles, c’est le royaume du cassenoix moucheté, alors qu’à vos pieds s’agite l’écureuil…
Et, avec un peu de chance, vous apercevrez, dans le courant du torrent, le cincle plongeur.
Celui-ci a décidé de se montrer dans les cieux du Gornergrat, au-dessus de Zermatt. Françoise et Dominique passaient par là et ils n’ont pas raté l’occasion.
Zermatt/VS, septembre 2020
Toujours en Valais, toujours Françoise et Dominique. La descendance est assurée.
Zermatt, juillet 2021
Il était temps de le rencontrer baignant dans le soleil. Quel magnifique oiseau !
Travailleur infatigable, il va et vient d’un arolle à l’autre, à la recherche des pignons qu’il adore. Ses incessants allers et retours lui permettent de les dissimuler dans d’innombrables cachettes qui lui serviront pendant l’hiver.
De temps en temps, il s’arrête pour un petit en-cas.
Val Roseg/GR, septembre 2020
Il lui arrive également de se reposer.
Zermatt/VS, septembre 2020
Pendant longtemps, il avait disparu de nos radars. Il vient de faire un retour fracassant dans la forêt d’un petit village qui porte le nom de ses arbres préférés.
Un sifflement strident… Les jumelles scrutent les prairies et les amas rocheux au-dessus de la limite des arbres, mais il n’est pas toujours facile d’apercevoir la mascotte de nos paysages alpins.
Mais, dès que vous l’avez repérée, avec un peu de patience, il y a beaucoup de chance que vous puissiez apercevoir toute la famille se nourrissant des dernières herbes de l’été avant une hibernation bien proche.
Parc national suisse/GE, septembre 2020
Parfois, on parvient même à l’approcher.
Val Trupchun/GR, octobre 2020
Surtout si, dans l’insouciance de leur jeunesse, quatre jeunes chenapans ignorent les cris d’alarme de leur mère…
J’ai failli quitter définitivement la Suisse, mais quelques personnes avisées se sont souciées de la disparition de mes aires de nidification et m’ont invité chez eux. Je suis donc encore là.
Qu’auriez-vous fait sans mes acrobaties aériennes, ma huppe et mes couleurs irisées ?
Creux-de-Terre/VD, août 2020
Nous sommes dix-huit. Et il y en toujours un ou deux qui sont à la traine…
Avully/GE, décembre 2020
De Genève au Tessin. Il faut que je me repose un instant au sol.
Une passion, l’observation animalière. En particulier, ce temps-ci, l’observation des oiseaux. C’est fascinant, mais parfois fatigant…
Un lundi matin de fin août. Il est 0730 heures et nous sommes déjà en place derrière le muret qui nous sépare de la prairie inondée des « Quatre-Vingts » près d’Yverdon.
Il a beaucoup plu ces derniers jours. L’eau est plus haute que d’habitude, ce qui ne favorise pas l’évolution des limicoles. Seuls quelques chevaliers sylvains et un bécasseau cocorli paradent à la portée de nos objectifs.
Une heure plus tard, des ouvriers viennent enlever les herbes qui encombrent un canal avoisinant. Le bras de la pelle mécanique se dresse dans les airs provoquant l’envol de quelques rares échassiers… Il est temps de partir.
Un martin-pêcheur au loin et un rougequeue en contre-jour plus tard et nous sommes en route pour la réserve de Cudrefin.
Ici aussi, les eaux du canal sont très hautes et désertes. Mais il y a toujours quelque chose à voir : un gobemouche noir, l’espace d’un instant, et, plus longuement, une rousserolle effarvatte.
La nature nous réserve l’une de ces surprises que nous avons appris à connaître, mais qui nous émerveilleront toujours. Une cinquantaine de courlis cendrés se reposent dans les eaux bordant la digue. C’est une première pour nous.
Et, en prime, un couple de tadornes casarca, autre oiseau que nous n’avions jamais vu en Suisse, que nous retrouverons, beaucoup plus près, là où le lac arrête le chemin. Deux bécasseaux variables, aussi. Ainsi qu’une sterne arctique nourrissant son petit. Absolument splendide.
Une horde de gamins nous chasse. Une bonne excuse pour soigner nos ventres affamés. Chevroux et son auberge nous donnent des forces pour achever notre périple à la réserve du Creux-de-Terre.
Peu d’oiseaux, encore une fois. Mais une autre nouveauté. Cinq vanneaux huppés se tiennent sur la bande herbeuse aux pied du grand saule, au centre de l’étang. Et, pendant que nous essayons de les photographier, deux éclairs traversent le ciel.